Qui n’a jamais ressenti le goût amer, de n’avoir pas fait le bon choix à un moment de sa vie ? Ces regrets sont courants, et se révèlent un véritable frein à l’action de peur de faire le « mauvais choix ».
Faire ou ne pas faire : qu'allez-vous regretter le plus ?
Pour y répondre, considérons deux exemples simples : Paul avait acheté 20 000 € d’actions d’une société A, il décide de les vendre et avec cette somme d’acheter des actions de la Société B. Peu de temps, la société B fait faillite, il vient de perdre ces 20 000 € « investis ».
Prenons Pierre, il avait acheté également acheté 20 000 € d’actions dans la société B, et avait décidé de les garder. Comme Paul, après la faillite de la société B, Pierre vient de perdre 20 000 €.
Dans les deux cas, Pierre et Paul ont perdu la même somme de 20 000 €. Mais, d’après près vous, qui d’entre-deux aura le plus de regret ?
Dans près de 92 % des cas, les personnes répondent Paul, car il a dû « s’en mordre les doigts » d’avoir vendu A pour B. Autrement dit, il n’aurait dû rien faire…
Est-ce que nous avons plus de regrets quand nous agissons ?
Le cas de Pierre et de Paul nous laisserait à penser qu’il faut mieux finalement ne rien faire, ce qui donnerait raison aux fervents du « statu quo ». Des études montrent que les actions réalisées laissent un sentiment de regret plus amer, plus douloureux.
Pour les psychologues, la fonction des regrets un mécanisme de survie, ils nous permettent d’être plus prudents, de ne pas passer trop vite à l’action. Une mise en garde utile, mais qui dans certains cas peut nous bloquer, et à nous inciter à ne surtout pas passer à l’action…
Pourtant, des études complémentaires montrent que les plus grands regrets dans notre vie sont dus à ce que nous n’avons justement pas fait : « j’aurais dû poursuivre mes études, j’aurais dû me marier avec elle, j’aurais dû consacrer plus de temps à mes enfants, j’aurais dû parler plus souvent à mon père avant qu’il ne décède »….
Les charges émotionnelles ne sont pas identiques. Dans le premier cas, les regrets d’avoir fait sont plus intenses ( » je n’aurais pas du »), sur le moment. Le psychologue et économiste Daniel Kahnemann, qui est à l’origine de la découverte des biais cognitifs, parle de regrets chauds (Hots regrets). Alors que dans le second cas, les regrets « de ne pas avoir fait » sont plus mélancoliques, plus nostalgiques, et sont ceux qui durent le plus dans le temps. Il s’agit à ce moment-là de regrets mélancoliques (wistful regrets).
La peur des regrets anticipés
Prendre conscience de ces mécanismes est important et libérateur : certaines personnes, pour se protéger, vont développer une stratégie de prévention anticipée des regrets, du risque . Plutôt que de m’exposer à une souffrance (que j’imagine certaine), et bien lors de choix importants, je décide de ne pas décider, et de ne rien faire.
Je ressasse, réfléchis, ressasse, et je ne fais rien… Au contraire de Neo, le héros dans le film Matrix, par peur du regret, pas question de pendre pas la pilule rouge…
Ou alors est-ce finalement la bleue qu’il fallait choisir ?
Le mythe du bon choix : la bleue ou la rouge ?
« Faire le bon choix » est un mythe tenace qui nous empoissonne la vie, si nous lui accordons de la véracité. Le bon choix, n’existe pas dans l’absolu. C’est à nous, une fois notre décision prise, de faire en sorte qu’elle devienne la meilleure possible. C’est ce que nous en faisons, ce que nous en pensons qui en fera un bon choix.
Certes, nous pouvons regretter certains choix, un choix de métier, de conjoint ou autre… Mais, qu’en aurait-il été avec une autre personne, un autre métier ? Qui nous dit que nous n’aurions pas eu aussi d’autres déceptions ?
Le mythe du bon choix nous enferme dans le piège de la rumination, et nous maintiens dans l’indécision. (voir l’article dédié sur comment cesser de ruminer et retrouver sa sérénité).
Quelle attitude adoptée ?
Nous avons vu que ce qui nous fait ressentir le plus de douleur, sont les actions que nous avons faites, et que la peur, l’anticipation des regrets peut nous pousser à ne rien faire. A contrario, les plus grands regrets sont ce que nous n’avons justement pas fait…
Pour sortir de ce dilemme, la solution la plus efficace est justement de ne pas renoncer à agir, et d’augmenter notre « résistance à l’échec ». Un autre point clé est alors d’en tirer un enseignement pour précisément mieux agir, et de transformer la peur de regretter en opportunité d’apprendre.
En d‘autres termes, si vous perdez, ne perdez pas la leçon.
Citons un sage homme.
OK pour la théorie, et en pratique ?
Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j'apprends.
Nelson Mandela Tweet
Reprenons donc notre exemple du début, et revenons à Pierre, celui qui a fait le « mauvais choix de vendre«
Alors qu’auriez-vous pu conseiller à Paul ? Arrêter les investissements en bourse car « trop risqué » ? Et de ce fait de ne plus « faire » ? (Pour l’avoir vécu, je peux vous assurer qu’il n’y a pas besoin de perdre la totalité de la somme, la moitié suffit pour que ça pique !).
Attention, je ne suis pas en train de vous dire d’investir en Bourse, gardez bien à l’esprit que ce qui suit est juste une illustration !
Comme Paul, lorsque nous investissons une somme, c’est qu’en général, nous croyons pouvoir en retirer un bon profit. A tort ou à raison…
Justement regardons « le mauvais côté » comme éventualité. A savoir, si je perds les 20 000 € comme Paul, que se passe-t-il pour moi ? Comment je me sentirai par rapport à cette perte ? Est-ce que je mets en danger ma situation financière ?
Soit c’est une perte, regrettable certes, mais c’est OK. Soit c’est une trop grosse perte et dans ce cas, je n’investis que 10 000 € voire 100 €.
Un autre enseignement possible pour Paul, est également de regarder son niveau de compétence en finance. A-t-il fait confiance à son conseiller, qui ne l’oublions pas est un salarié qui a des objectifs commerciaux à atteindre ? Ou a-t-il des connaissance solides en analyse financière ? En d’autres termes , savait-il ce qu’il a vraiment acheté et où il mettait les pieds?
Et au-delà de l’impact matériel et financier, l’important est que cela ne remette pas en cause son estime de soi : « plus jamais ça, je suis trop nul « .
La clé est donc de repasser par nos émotions en se posant la question suivante : qu’est ce je fais et suis-je capable de faire face à la situation si le scénario du pire arrive ?
Il perd, celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne. Il gagne, celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd.
Nicolas Machiavle Tweet
Se poser la question du pire, anticipe et augmente donc notre résistance à l’échec. Cela revient également à développer notre autonomie sur les échecs et réussites.
C’est également cette attitude qui va faire que nous respectons nos valeurs personnelles, et ainsi notre intégrité et estime de soi.
J’en parlerai dans un autre article.
A vous de jouer !
Prenez un de vos derniers « échecs ». Pour cet exercice, prenez-en un qui vous soit émotionnellement acceptable. Quel enseignement pouvez-vous en tirer ? D’une manière générale, comment réagissez-vous aux échecs ?
N’hésitez par à faire part de vos réflexions, remarques, ou objections, à travers les commentaires !
A vos réussites – à votre vie