
La volonté, ce trait que nous attribuons si facilement aux individus et à leurs décisions, qu’est-ce que cela signifie vraiment ? Quand nous disons qu’une personne manque de volonté, nous suggérons qu’elle se dérobe face aux défis ou opte pour la facilité, la procrastination. Ainsi, l’idée de difficulté, d’effort, de lutter n’est donc jamais très loin lorsque l’on évoque la volonté.
Mais, contre quoi luttons-nous exactement ? Dans ce voyage à travers l’histoire de la volonté, je vous montrerai comment notre compréhension de la volonté a évolué. Nous verrons comment des découvertes récentes ont bouleversé nos conceptions traditionnelles.
De son apogée au XIXe siècle, où elle était synonyme de discipline et de persévérance, à son déclin au XXe siècle, la définition de la volonté a connu de nombreux soubresauts.
Dans cet article, je vous invite à explorer ma vision de la volonté, de son absence et de la procrastination. Je vous montrerai pourquoi la maîtrise de la volonté dépasse la simple question de productivité. Car, la volonté est avant tout un art, l’art de vivre une vie meilleure.
Le manque de volonté
La volonté : un voyage à travers à l'histoire
La volonté, longtemps mystérieuse et mal comprise, est désormais mieux comprise par la science. Ce n’est plus un simple trait de caractère, mais un mécanisme complexe façonné par l’évolution.
Depuis le XIXe siècle, la compréhension de la volonté a subi des changements radicaux. De l’idée de “forger son caractère” au XIXe siècle, à sa remise en question au XXe siècle, la volonté a traversé des périodes de doute et de redécouverte.
Aujourd’hui, elle revient en force, révélée par la psychologie et les neurosciences comme un mécanisme essentiel à notre être. Ne sous-estimez pas le pouvoir de votre volonté (mais si vous pensez en manquer).
Du triomphe de la volonté aux premiers doutes de l'ère Victorienne
Très en vogue et encouragé au XIX siècle, notamment en Angleterre, les notions de discipline, volonté, ont progressivement été mises à l’index.
La critique majeure de la vision du XIXe siècle est qu’elle transforme la volonté en une vertu morale, un ascétisme, ou même un trait de personnalité. Cette conception persiste encore aujourd’hui. Il est rare que l’on nous fasse un compliment quand on nous dit que nous manquons de volonté.
Les sermons solennels de l’époque victorienne parlaient de Dieu et du devoir. Ils avaient aussi des idées strictes sur la sexualité. Ainsi, on comprend mieux l’attrait de la philosophie d’Oscar Wilde. Sa tirade : « je résiste à tout sauf à la tentation” (voir référence), séduisait ses contemporains. Elle leur permettait de vivre plus librement, loin de la sévérité victorienne
Le XXᵉ siècle et l'hiver de la volonté
L’intérêt pour la volonté a connu un déclin au XXe siècle pour plusieurs raisons. La rigueur excessive de l’époque victorienne a contribué à cette baisse d’intérêt. Les changements économiques et les deux guerres mondiales ont été également déterminants.
La persévérance et le sens du devoir, parfois excessifs, des dirigeants de l’époque ont été associés aux horreurs de la Première Guerre mondiale et aux nombreuses vies brisées qu’elle a causées.
Dans la plupart des pays occidentaux, les intellectuels ont commencé à prôner une vision de la vie moins rigide. Cependant, en Allemagne, une “psychologie de la volonté” a été reprise par le national-socialisme. La volonté fut d’ailleurs le thème central du film de propagande “Le Triomphe de la volonté” de Leni Riefenstahl en 1934.
Cette idéologie, qui prônait l’obéissance absolue à un leader, un Führer, était très éloignée du concept victorien de force morale individuelle. Cependant, cette différence n’a pas été perçue. Le mot volonté était devenue trop négativement connoté, ce qui a contribué à son déclin. En effet, il est difficile d’imaginer pire publicité.
Le manque de volonté de la psychologie pour s'intéresser... à la volonté (!)
Coincée entre une vision rigoriste, morale, ascète du XIX siècle, et celle du XX siècle qui en a fait un support idéologique, un déni de réalité, la volonté allait donc vivre nécessairement une mauvaise passe chez les psychologues…
Après la guerre, l’essor de la technologie, l’enrichissement des banlieues et la nécessité de stimuler la demande économique ont accéléré son déclin. La nouvelle industrie publicitaire a encouragé une culture de l’immédiateté et du désir, et ainsi le manque de volonté.
Les livres de psychologie devenaient plus optimistes, prônant la réussite par la croyance en soi plutôt que par la force de volonté.
La réhabilitation tardive de la volonté
Ce n’est que récemment que la volonté a récemment regagné les feux de la rampe grâce à des recherches innovantes. Dans les années 1960, des psychologues ont exploré la capacité des enfants à différer la gratification immédiate pour un bénéfice futur plus important.
Ils ont conçu une expérience simple, mais révélatrice. Un enfant était laissé seul avec un chamallow. Il pouvait soit le manger immédiatement, soit attendre le retour du chercheur pour en recevoir un second. Les réactions variaient. Certains enfants succombaient immédiatement à la tentation, d’autres luttaient avant de céder, tandis que quelques-uns résistaient, distrayant leur esprit pour obtenir la récompense doublée.
Des décennies plus tard, Walter Mischel découvrit que les enfants maîtrisant mieux leur impulsivité connaissaient plus de succès à l’âge adulte. Ceux ayant attendu pour le second chamallow se démarquaient sur le plan académique, social, financier, et même au niveau de la santé.
Ces résultats ont remis en question les idées préconçues, qui pensaient qu’il était difficile de prédire l’avenir d’un individu selon son comportement dans l’enfance.
Les résultats de Mischel ont mis en lumière l’importance de la volonté. C’est une compétence pouvant être renforcée, offrant ainsi un avantage durable tout au long de la vie. Ces découvertes ont réaffirmé le rôle crucial de la volonté, la plaçant au centre des discussions sur le développement personnel et la réussite.
Le test du Marschmallow : craquera ou craquera pas ?
Ce que permet la volonté
Voilà donc en réalité le vrai visage de la volonté : aller contre nos réflexes, nos intuitions, et leur substituer un comportement qui nous semble mieux adapté à la situation, ou mieux adapté à nos buts à long terme, au-delà de l’instant présent.
Ce que cette expérience a montré, c’est qu‘il n’y a pas de meilleur moyen d’améliorer sa vie que d’apprendre à développer sa volonté. La volonté est donc un outil précieux, un levier de changement et d’évolution personnelle.
La volonté : une fusée à trois étages vers une meilleure qualité de vie
Être persévérant, ce n’est pas simplement une technique ou un atout pour « faire plus ». Ça, c’est le côté obscur de la volonté, celui de l’ego, de la recherche de réussite, de reconnaissance… Pour moi, c’est une fusée à trois étages qui vous amène de plus en plus haut dans la qualité de vie.
Le premier étage : la volonté en action
Le premier étage est celui qui vous aide à faire ce que vous n’avez pas envie de faire ou résister à la tentation. Vous faites ce que vous avez à faire. En évitant de procrastiner, vous dégagez du temps pour vous, et faites ce que vous avez à faire, pour voir vos corvées derrière vous. Qu’il s’agisse de faire sa déclaration de revenus, de rendre des copies à temps,
Cependant, la procrastination ne concerne pas que les activités ennuyeuses ou pénibles qu’on n’a pas envie de faire. De même, on ne cesse de remettre les moments de plaisir. Par exemple, aller au zoo, visiter un musée en famille, ou partir pour le week-end. Elle concerne donc doublement notre qualité de vie.
Cette tendance à la procrastination est si généralisée que les compagnies aériennes ainsi que d’autres entreprises économisent d’énormes sommes chaque année sur les miles et les chèques-cadeaux que personne ne réclame.
Le deuxième étage : résilience et persévérance, le carburant du succès
Le troisième étage : un pont entre rêves et réalité, entre soi et les autres.
Le dernier étage de la fusée, c’est lorsque vous faites de la volonté un art de vivre, une pratique. Ce dernier étage ne peut fonctionner que si les deux premiers existent. La volonté va bien au-delà du simple développement personnel. Avoir de la discipline, c’est pleinement profiter du temps passé sur Terre et pour partager des moments de bonheur avec nos proches.
Si vous avez un projet qui vous tient à cœur, petit ou grand, comme faire un beau voyage, écrire un bouquin, et que vous attentez, attentez (le second type de procrastination), vous n’aurez à la fin de votre courte vie que des regrets…
La volonté offre de nombreux avantages, mais l’un des plus réconfortants est sans doute celui-ci. Les personnes dotées d’une forte volonté sont plus altruistes. Elles sont plus enclines à faire des dons à des organisations caritatives, à s’engager dans le bénévolat.
La volonté a évolué pour favoriser la cohésion au sein des groupes humains, et elle continue de servir cet objectif aujourd’hui. La capacité à exercer une discipline intérieure se traduit par une gentillesse envers autrui.
C’est pourquoi la volonté inspire l’optimisme, malgré son côté imparfait, limité, tout humain.
La volonté, toujours, développer tu devras !

Notre volonté est constamment mise à l’épreuve par les distractions, dont celles numériques omniprésentes. Les smartphones, les réseaux sociaux, les courriels, les notifications.
Les distractions numériques : de véritables vampires de volonté
Beaucoup ignorent le coût réel de ces interruptions incessantes. Elles nous volent non seulement notre temps, mais elles épuisent aussi notre volonté, nous éloignant de nos objectifs et aspirations. Leur impact est colossal, bien plus que ce que l’on pourrait imaginer.
Dans mon livre, je dévoile tous ces mécanismes dans un chapitre entier. Ne sous-estimez pas le pouvoir de ces vampires numériques de temps et de volonté !
La volonté : votre atout pour une vie épanouie
La volonté est une ressource précieuse. Elle nous permet de résister aux tentations, de rester concentrés sur nos objectifs et de faire des choix qui sont en accord avec nos valeurs et nos aspirations. Quand nous reprochons de manquer de volonté, c’est que nous l’avons tout simplement épuisée.
Seuls ceux qui préservent leur détermination et maîtrisent les distractions pourront accomplir ce qui est essentiel dans leur existence
En fin de compte, la qualité de notre vie dépend de notre capacité à préserver notre volonté et à l’utiliser de manière judicieuse. En réservant notre volonté pour ce qui compte le plus sur notre chemin de vie, nous pouvons vivre une vie plus riche et plus épanouissante.
C’est un défi de taille, mais c’est un défi que nous devons tous relever si nous voulons naviguer avec succès dans le monde numérique d’aujourd’hui.
Comment je prends soin de ma volonté
Au départ, quand j’ai entrepris d’écrire « l’art de la volonté”, je ne savais pas où cette aventure m’amènerait. Je peux dire que ma vision a profondément changé
Globalement, mon programme d’entraînement est très simple :
- dès que je peux, je renforce le plus possible ma volonté de manière la plus ludique, amusante possible
- En matière de volonté, je cherche à être le plus fainéant possible, le plus avare possible. Moins j’en fais, mieux je me porte ! (Oui, je sais, c’est un paradoxe que j’explique dans le livre). Si, je sais que je vais avoir une journée très improductive, je ne l’utilise que pour mon objectif.
- Je crée des habitudes « brosses à dent”. Quand on est petit, se brosser est un apprentissage, c’est difficile. Et, les parents nous forcent à chaque fois à se brosser les dents. Bref, une corvée. Adulte, elle est devenue un réflexe. Aujourd’hui pour ma part, c’est devenu un réflexe de travailler chaque matin sur ce qui compte.
Un dernier mot
La détermination, c’est cette force intérieure qui nous pousse à persévérer malgré les obstacles et les échecs rencontrés en chemin. Il est facile de se laisser décourager par les difficultés et d’abandonner ses objectifs à la première contrariété.
Dans un monde qui nous sollicitent constamment par une multitude de stimuli et de demandes, il est tentant de se laisser emporter par des tâches secondaires et de perdre de vue l’essentiel.
La volonté est donc un art, l’art de réaliser ce qui compte le plus pour nous dans notre vie, pour nous et nos proches.
A vous !
Quelle est votre propre perception de la volonté ? A-t-elle changé à la lecture de cet article ? N’hésitez pas à partager vos expériences et réflexions dans les commentaires.
Références citées
- Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, Le livre de Poche, 1972
- voir l’article sur la procrastination des moments de loisirs : https://journals.sagepub.com/doi/10.1509/jmkr.47.5.933
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Découvrez dès maintenant les premiers chapitres et exercices stimulants pour maîtriser votre volonté, motivation. Inclus : un exercice d’auto-évaluation pour savoir où vous en êtes dans votre volonté.