La gratitude est devenue un sujet populaire. Elle mérite cependant d’être bien plus qu’un sujet à la mode. Il s’agit d’une valeur importante pour être heureux. Ressentir de la gratitude et l’exprimer n’est pas si simple, cela nécessite en réalité une intention et un engagement, et surtout s’entraîner par des exercices réguliers.
Dans cet article, nous explorons les nombreux bienfaits de la gratitude, et comment nous pouvons l’incorporer dans notre quotidien. Cependant, la pratique contient des pièges, et mal pratiquée, la gratitude peut nous desservir ! C’est ce que j’ai vécu quand j’ai commencé à pratiquer la gratitude. À cette époque, je n’avais pas conscience des écueils dans ma pratique
Nous examinerons donc des stratégies pour bien cultiver la gratitude en trois exercices simples. Ces exercices vous encourageront dans la voie d’une pratique authentique de la gratitude
3 exercices de gratitude pour en éviter les pièges
Qu'est-ce que la gratitude ?
Faire preuve de gratitude, c’est se concentrer sur ce que nous avons, ce qui existe de positifs dans notre vie. Éprouver de la gratitude, c’est donc remercier, être reconnaissant des choses positives dans notre vie. En nous focalisant sur l’avoir, donc sur le plein, dans le moment présent.
La gratitude est le plein, l'abondance, la peur est un manque
Inversement, ceux qui se focalisent sur le manque, ou la peur de manquer, sont dans la souffrance. Cette peur liée au manque peut concerner divers aspects de la vie. Manquer de temps, d’argent, de santé, de compétences, de confiance en soi, d’estime de soi, de soutien… La liste de « tout ce que nous n’avons pas» peut être infinie…
La gratitude est le contraire de la peur, car nous sommes alors dans le « plein ». Avez-vous déjà fait le constat qu’il est impossible d’éprouver de la gratitude et d’avoir peur simultanément ?
Se concentrer sur ce qui nous manque n’est pas nécessairement une mauvaise chose. C’est d’ailleurs une source de motivation pour agir et nous aider à définir ce que nous voulons vraiment. Nous en reparlerons dans un autre article.
Cependant, lorsque notre attention est constamment focalisée sur ce qui nous manque, en particulier lorsque nous nous sentons impuissants à changer une situation, il n’est pas surprenant que nous soyons stressés et anxieux.
N’oublions pas que, conformément à la loi de l’attraction, nous devenons ce à quoi nous accordons le plus d’attention. Plus nous nourrissons nos pensées négatives, plus nos émotions négatives deviennent intenses, et plus la négativité nous atteint. Témoigner sa gratitude permet de transformer ce cercle vicieux en cercle vertueux.
La Gratitude a deux petites sœurs qui s'appellent Ouverture et Attention. Ce qui est déterminant, c'est de voir ce qui est sous nos yeux.
Carmen Francesca Banciu Tweet
La gratitude est un don
Comme l’a décrit Pascal Ide, exprimer sa gratitude, c’est exprimer sa reconnaissance pour un don.
Pascal Ide est prêtre, docteur en médecine, en philosophie et en théologie. Il est également l’auteur du livre « La puissance de la gratitude : vers la vraie joie » (3). J’ai souhaité vous faire partager cette approche, car c’est celle qui m’a le plus aidé.
Dans la gratitude, vous lisez le terme gratis qui signifie “gratuit” en latin. La gratitude est la réponse à un don gratuit. Et, cette réponse est aussi libre et désintéressée que le don qui en est l’origine
Pascal Ide Tweet
Un témoignage
Une grand-mère me raconte l’histoire suivante.
Nous avions invité Maxence, mon petit-fils, pour fêter son cinquième anniversaire. Je lui apporte un cadeau : une bouteille de champagne qui contenait des célébrations en chocolat. Mon petit-fils est tout content, il ouvre la fausse bouteille, commence à manger, partage avec son frère cadet.
Je précise alors : « Sais-tu qui t’a fait ce cadeau ? » Le petit garçon qui se goinfrait de bonbons, en discutant avec son frère, s’arrête, soudain attentif : « Il vient de ton grand-oncle Thierry. Il a pensé à toi pour ton anniversaire. » Maxence commence à écarquiller les yeux.
Ainsi, je continue : « Sais-tu que ton grand-oncle Thierry est sorti de chez lui, il est exprès allé acheter ce cadeau pour toi ? » Les yeux de Maxence s’éclairent de plus en plus.
Alors, je poursuis, lui posant une troisième question : « Et sais-tu pourquoi il a fait cela pour toi ? » Silence encore plus attentif : « C’est parce qu’il t’aime. »
Et, là, d’un seul coup, le visage de Maxence s’est illuminé. Ainsi, il irradiait littéralement. Soudain, ce qui avant était simplement un cadeau à consommer comme tant d’autres, prenait une valeur inestimable.
Quand il est rentré chez lui, Maxence a demandé à téléphoner à son grand-oncle et a explosé de joie en disant toute sa gratitude. Tout étonné et tout heureux de ce coup de téléphone, Thierry l’a à son tour remercié de l’avoir appelé.
Extrait d’un interview de Pascal Ide, dans le retour en grâce de la gratitude (2).
La gratitude, une vertu qui transforme notre regard sur le don
Dans l’exemple des chocolats offerts par le grand-oncle à son petit-fils, nous voyons trois étapes.
- La reconnaissance de l’existence du don, et donc de celui qui a donné, le donateur. Et, ceci, de façon gratuite, sans en attendre un retour.
- La joie procurée par ce don.
- Cette joie incite en retour à donner également
Ainsi, Maxence voit le cadeau, il en éprouve de la joie, il remercie son grand-oncle. La gratitude est un mouvement à trois temps, insistant notamment sur la « gratuité » du don.
Un pouvoir simple et étonnant à la fois, accessible à tous
La gratitude est un pouvoir étonnant. Un pouvoir d’autant plus étonnant que chacun peut en disposer !
Remercier pour les petites et les grandes choses que nous avons, permet de cultiver un état d’esprit positif.
Elle nous permet de reconnaître et d’apprécier les bonnes choses de la vie, même, et je dirais surtout les plus petites. Avec la gratitude, point besoin de gagner au loto toutes les semaines !
Lorsque nous décidons de cultivons la gratitude, nous adaptons une nouvelle perspective : voir le bien, le don dans chaque situation, même et surtout difficile. La gratitude est un véritable trésor qui enrichit notre vie de manière significative.
La science et la gratitude
La psychologie positive, un courant contemporain dans le domaine de la psychologie, se concentre sur l’exploration des ressources individuelles et sociales. Elle étudie comment réduire sa vulnérabilité face aux aléas de la vie et accroître son ouverture à la complexité des situations.
Dans ce contexte, la gratitude est un sujet d’étude significatif. Voici quelques conclusions majeures de la psychologie positive(10) :
- Témoigner de ses sentiments de reconnaissance favorise le bien-être social.
- Cultiver la gratitude nous aide à rediriger notre attention vers les aspects gratifiants de la vie quotidienne.
- Des études ont révélé une plus grande capacité à lâcher prise. Ce qui est bénéfique pour notre santé physique et mentale, et renforce notre système immunitaire.
- Ceux qui expriment régulièrement leur gratitude prennent davantage soin d’eux-mêmes (en pratiquant notamment plus d’activités physiques). Ils dorment mieux, résistent mieux au stress et font preuve de plus de détermination.
Exprimer sa gratitude
Comment exprimer sa reconnaissance de façon authentique ? Simplement avec son coeur comme le montre les deux exemples suivants.
La gratitude exprimée par les enfants
Je vous renvoie à l’étonnant interview de Nathalie, professeur des écoles, qui enseigne à ses élèves comment exprimer leur reconnaissance envers leurs proches.
Voir le témoignage de Nathalie sur la gratitude et les enfants.
Un parc, un banc et moi : une histoire inattendue de gratitude
Cas vécu :
Je me souviens d’un séjour à l’étranger, où je voyageais seul, durant lequel j’ai eu une intoxication alimentaire. J’avais trouvé non loin de mon hôtel, un parc et un banc. Entre deux crises, je m’y suis allongé toute la journée, bercé par la douceur du soleil, et une légère bise bienveillante qui calmait mes bouffées de chaleur. Par ailleurs, je me souviens également des cyclistes, des promeneurs, des enfants qui passaient leur chemin. Le simple passage de ces inconnus me réconfortait : j’avais ainsi l’impression d’être moins seul, d’être en lien avec les autres, avec la vie normale. Ce fut pour moi très réconfortant malgré l’inconfort de la situation. Ainsi, je n’ai jamais autant remercié ce parc, ce banc et toutes ces personnes qu’en cet instant.
Par la suite, j’ai été reconnaissant pour cette expérience gastro-entérique. Cette pause forcée m’a offert l’opportunité de prendre du recul, de me reposer et de changer positivement la perception de mes activités. Cela a modifié ma vision de mon rythme de travail et m’a permis de réévaluer mes priorités. Quelques jours plus tard, j’ai dit merci à mes intestins pour tout ce qu’ils font pour ma santé.
La gratitude : une attitude et non une technique
Pourquoi j'ai pourtant failli abandonner !
Cultiver la gratitude ce n’est pas si simple. C’est ce que j’ai vécu quand j’ai commencé la pratique. Au départ, j’étais très enthousiaste. J’avais lu, qu’il était fortement conseillé de tenir un journal de gratitude, et d’y noter 3 kifs par jour (1), pour reprendre le titre d’un bestseller.
Rapidement, je me suis confronté à des difficultés. Avec ce journal, j’avais l’impression de « tourner en rond » dans ma pratique. Cet exercice, censé m’épanouir, devenait une corvée, une tâche de plus à cocher dans ma liste, et perdait finalement de son sens. Que vaut alors la gratitude dans ces conditions ?
Comment pratiquer avec authenticité
Quand nous débutons dans notre pratique, nous n’avons pas véritablement de mode d’emploi. Deux difficultés se posent alors rapidement à nous :
- Vers qui, vers quoi exprimer notre reconnaissance ?
- La monotonie de la pratique
La pratique est le piège…
Dans presque tous les livres ou journaux de gratitude, Il nous est souvent recommandé d’exprimer notre reconnaissance pour trois choses ou plus chaque jour. Pourquoi trois ? Je n’ai trouvé aucune réponse. Un comportement de mimétisme, entre auteurs ?
Les formulations proposées sont fréquemment identiques : « aujourd’hui, je suis reconnaissant de… », ou ‘de quoi suis-je reconnaissant » ?
La même question, revenant quotidiennement, déclenche les mêmes associations et les mêmes sentiments. Il nous est alors difficile de trouver d’autres aspects positifs pour lesquels être vraiment reconnaissant.
Évidemment, cela devient vite lassant ! Croyez-moi, au bout d’un moment, nous tournons en rond !
L'effet immunitaire psychologique et la monotonie.
Le système immunitaire psychologique (psychological immune system) est un concept proposé par Daniel Gilbert, un psychologue social et auteur du livre « Et si le bonheur vous tombait dessus » (4).
Notre cerveau peine à accepter les changements, mais paradoxalement, il s’adapte et s’habitue aux nouvelles situations. Quand la vie nous malmène, c’est d’un grand secours. La douleur de perdre une personne ou de rester paralysé après un accident s’atténue plus vite que l’on ne le croit grâce à l’habitude.
Il s’agit d’un mécanisme inconscient. Son rôle nous permet de nous adapter aux situations difficiles et de retrouver notre bien-être émotionnel.
Dan Gilbert nomme cela le système immunitaire psychologique. Hélas, ce système immunitaire psychologique marche aussi pour les bonnes choses qui nous arrivent : six mois après avoir gagné à la loterie, l’effet sur notre bonheur s’est dissipé. Pareil peu après la naissance d’enfants ou l’achat d’une nouvelle maison, d’une voiture, d’un objet.
Comme beaucoup d’aspects positifs de notre quotidien ne sont pas nouveaux, mais plutôt des états qui durent depuis un moment, nous ne les remarquons plus. Nous oublions la joie qu’ils nous ont produite au départ.
Les personnes qui pensent aux aspects positifs de leur vie tous les soirs ont tendance à être moins heureuses que celles qui le font moins souvent. Un résultat paradoxal – mais qui s’explique par le pouvoir égalisateur de l’accoutumance.
Rolf Dobelli Tweet
La gratitude est justement ce qui va nous permettre de lutter contre l’accoutumance, c’est-à-dire de souligner volontairement et de valoriser les belles choses de la vie.
La vraie gratitude ne peut devenir une routine, un automatisme
Soyez sincèrement reconnaissant pour une et une seule chose chaque jour, plutôt que de vous forcer à répondre à l’injonction « je dois en trouver trois par jour »…
Ainsi, lorsque vous faites vos exercices quotidiennement, prenez-vous vraiment le temps d’éprouver ce sentiment ? Ressentez-vous cette émotion dans votre corps ? Ou est-ce un travail intellectuel ?
Faites ce test simple :
- Décelez autour de vous des personnes qui disent être reconnaissantes.
- Observez ces personnes, posez-vous cette question : éprouvent-elles réellement dans leurs actes, dans ce qu’elles dégagent, de la reconnaissance ?
- Prenez la première réponse que votre inconscient vous envoie et c’est la bonne !
Est-ce une pratique affichée, afin d’avoir tout bon, car une « bonne personne » se doit d’être bien évidemment reconnaissante, ou est-ce un élan du cœur ?
La gratitude n’est transformante que si nous prenons le temps de la ressentir.
C’est pour cela que je conseille de commencer à pratiquer une à deux fois par semaine.
J’ai été pris dans ce piège, parce que je n’en avais pas conscience au départ.
3 exercices pour cultiver notre reconnaissance avec authenticité
Exercice n° 1 : varier la formulation des questions
Ils vont nous être très utiles pour :
- éviter de tourner en rond, et tomber dans le piège de l’automatisme, et de tomber dans le piège de la todo liste,
- vraiment la ressentir et en ressortir transformé.
Nous avons vu que poser la même question, nous amène à une impasse dans notre pratique. La première étape est donc de varier les questions.
Je vous recommande d’alterner les questions :
- De quoi suis-je reconnaissant ?
- Qu’est-ce qui a de la valeur dans ma vie ?
- Qu’est-ce que j’apprécie dans ma vie ?
- Qu’est-ce qui est positif dans ma vie ?
- Qu’est-ce qui m’excite dans ma vie ?
- Qu’est-ce qui est essentiel dans ma vie ?
- Qu’est-ce qui me rend heureux dans ma vie ?
Essayez !
Vous serez surpris de voir à quel point la gratitude peut être multiforme. Par ailleurs, vous serez également étonné à quel point des émotions complètement différentes et positives de gratitude et de bonheur peuvent soudainement surgir en vous. Et, simplement, par de petits changements dans la question !
Exercice n° 2 : varier les catégories
Cette approche m’a été inspirée par Tim Ferriss, l’auteur du best-seller, « la semaine de 4 heures » (6). Elle peut être plus adaptée aux personnes qui ont un fonctionnement plus intellectuel qu’émotionnel.
Au lieu de penser à des gratitudes aléatoirement chaque jour, il choisit une des quatre catégories, chacune contenant 10 questions.
Sélectionner une « catégorie » aide à générer plus rapidement des idées.
- Relations : une personne de votre entourage vous a aidé ? Exprimez lui votre reconnaissance !
- Une opportunité que vous avez eue aujourd’hui : remerciez la vie.
- Une opportunité passée : quelque chose de sympathique qui s’est passé ou que vous avez vu hier. Profitez de ce don
- Quelque chose de simple autour de vous (nuages à l’extérieur, le stylo que vous tenez, etc.) : contemplez !
Pour ma part, j’ai rajouté une cinquième catégorie : nos réussites.
Nous avons tendance à attribuer nos succès à nos seuls mérites, compétences ou talents. C’est une vision partielle qui oublie toutes les aides que nous avons reçues.
Lorsque de ma certification WordPress, j’ai remercié les formateurs pour leur réactivité, leurs explications. Si j’ai réussi, c’est grâce à eux, à leurs compétences, à la difficulté des exercices choisis. C’est aussi grâce à ma coach, avec qui j’ai pu découvrir, certaines croyances qui me mettaient la pression. Sans eux, cette réussite n’aurait pas pu avoir lieu.
Vous pouvez gratuitement télécharger la liste complète des questions pour les cinq catégories au format PDF.
Exercice n° 3 : utiliser la soustraction mentale !
Pour illustrer cette méthode, je vous propose un exercice rapide.
Sur une échelle de 1 à 10, quel est votre niveau de bonheur général dans votre vie (1 étant le chiffre le plus faible) ?
Lisez les trois mises en situation juste en dessous, fermez les yeux et ensuite, déroulez l’exercice :
- Imaginez perdre le bras droit. Que cela vous fait-il ? Vous rendez vous compte à quel point la vie est-elle plus difficile pour vous avec un seul bras ? Comment manger ? Comment se laver, se vêtir ?
- Imaginez maintenant que vous avez également perdu le bras gauche. Pas de mains. Vous ne pouvez rien tenir, rien toucher, rien caresser. Comment vous sentez-vous ?
- Troisièmement, imaginez que vous avez aussi perdu la vue. Vous pouvez encore entendre, mais vous ne reverrez plus jamais un paysage, plus jamais le visage de votre partenaire, de vos enfants…
Ouvrez ensuite de nouveaux les yeux.
À quel point êtes-vous satisfaits à présent – après cet exercice – de votre vie ? Redonnez une note entre 1 à 10. Comme la plupart des personnes, votre niveau vient d’augmenter. C’est l’effet drastique de la soustraction mentale.
Bien évidemment, il s’agit d’un exercice, et nous ne sommes pas obligés de penser, à chaque fois, sur ce qui se passerait si nous perdions un bras !
Toutefois, vous pouvez par ailleurs réfléchir à ce que vous ressentiriez si vous n’aviez jamais rencontré votre partenaire, si votre maison serait brulée, ou si vous étiez sur votre lit de mort. (voir à ce propos l’article sur les plus grands regrets de la vie).
La soustraction mentale : un exercice stoïque pour être plus heureux
Dans plusieurs études, les chercheurs américains Dan Gilbert, Timothy Wilson et leurs collègues ont montré que la soustraction mentale augmente le bonheur bien plus que la simple réflexion sur les belles choses de la vie (7).
Le stoïcien Sénèque dans son livre « les bienfaits »(8) connaissait déjà cette pratique il y a 2 000 ans. « Au lieu de penser à ce que vous n’avez pas déjà, il vaut mieux considérer à quel point les choses que vous avez vous manqueraient si vous ne les aviez pas. »
Prenons un autre exemple :
Vous êtes un athlète qualifié pour les Jeux olympiques. Préférez-vous avoir une médaille en argent, ou en bronze ? La réponse paraît évidente : l’argent ! Une étude sur les médaillés lors des Jeux olympiques de Barcelone en 1992 a révélé le contraire : les médaillés d’argent étaient plus mécontents que les médaillés de bronze.
Pourquoi ?
L’argent était comparé à l’or et le bronze à « pas de médaille ». Avec la soustraction mentale, cet effet néfaste ne se serait pas produit. La soustraction mentale se compare toujours à « pas de médaille ». Et bien sûr, vous pouvez substituer ce que vous voulez à la place de « médaille ».
« Nous ne sommes souvent pas très conscients de notre bonheur », écrit le psychologue Paul Dolan(9). « Nous devons faire ce que nous pouvons pour sensibiliser. Imaginez que vous jouez du piano, mais que vous n’entendez pas de son. Beaucoup de choses dans la vie sont comme jouer du piano sans l’entendre ».
Avec la soustraction mentale, vous pouvez enfin retrouver le son en dolby-surround !
Un moment particulier, pour justement retrouver le son, est en fin d’année, lorsque nous faisons le point. Voir l’article comment établir un bilan qui nous soit utile.
La soustraction mentale : comment l'exercer
Je vous propose une mise en application par deux variantes. La seconde variante est inspirée de celle qu’utilise Pascal Ide.
Choisissez celle qui vous inspire le plus pour votre pratique. N’en faites qu’une seule. Vous pourrez par la suite passer à l’autre variante, et alterner.
Vous pouvez aussi télécharger cet exercice au format PFF
Durée de l'exercice
Quinze minutes.
Faites cette pratique une fois par semaine, en vous concentrant sur un événement positif différent chaque semaine.
Il peut être utile de la faire à la même heure chaque semaine : avant de se coucher chaque dimanche soir, peut-être, ou au déjeuner tous les vendredis.
Au fait, allez dans une papeterie vous procurer un très joli carnet, pour y noter toutes vos découvertes. Il vous servira de journal de gratitude.
Première variante
1
Prenez un moment pour penser à un événement positif dans votre vie, comme une réussite personnelle ou professionnelle, la naissance d’un enfant ou un voyage spécial que vous avez fait.
2
Repensez à l’époque de cet événement et aux circonstances qui l’ont rendu possible.
3
Considérez les façons dont cet événement ne serait peut-être jamais produit, par exemple, si vous n’aviez pas entendu parler d’une certaine offre d’emploi au moment opportun.
4
Notez tous les événements et décisions possibles, grands et petits, qui auraient pu se dérouler différemment et empêcher cet événement de se produire.
5
Imaginez ce que serait votre vie maintenant si vous n’aviez pas apprécié cet événement positif et tous les fruits qui en ont découlé.
6
En réfléchissant à la façon dont les choses auraient pu se passer différemment, comprenez que ces avantages n’allaient nécessairement pas de soi dans votre vie. Permettez-vous de vous sentir reconnaissant que les choses se soient passées comme elles se sont passées.
Deuxième variante
1
Reconnaissez un bienfait que vous avez reçu aujourd’hui. Ce peut être la façon dont une personne parle ou un simple geste, la beauté d’un paysage.
2
Prenez conscience de sa gratuité : vous avez reçu ce bienfait sans aucun engagement de retour de votre part. Pensez justement à un paysage pour bien comprendre le côté gratuit de ce qui vous a été donné.
3
Décrivez au moins cinq caractéristiques concrètes de ce don en vous y attardant.
4
Goûtez, ressentez la paix et la joie que cette description du don vous éveille.
5
Sentez monter en vous le désir de faire de même. Ce peut être une parole ou un geste. En retour à la personne qui vous a fait don de ce bienfait ou en cascade à une autre personne.
6
Décidez alors de ne pas solliciter un don en retour, mais plutôt d’exprimer votre gratitude envers le bienfait premier que vous avez reçu et reconnu.
Conclusion : la gratitude, un état d'esprit pour une vie plus épanouie
La gratitude est un état d’esprit à cultiver, une intention, une attitude intérieure, et non un sujet à la mode ! Prenez l’engagement de voir le positif dans chaque situation, même lorsque les choses ne se déroulent pas comme prévu. Lorsque vous vous concentrez sur le positif, vous vous ouvrez à de nouvelles opportunités et vous développez une attitude résiliente face aux défis de la vie.
Cultivez une attitude de gratitude en pratiquant régulièrement les conseils précédents et entourez-vous de personnes positives qui vous inspirent.
Attention aux écueils
Cependant, pratiquer de façon répétitive et mécanique peut avoir l’effet inverse. Pratiquer ainsi peut nous rendre plus malheureux que ceux qui ne la pratiquent pas. Pour éviter ces écueils, nous avons vu trois techniques :
- varier les questions
- varier la thématique des questions
- pratiquer la soustraction mentale
Mise en jambe
N’oubliez pas le superpouvoir de la procrastination !
Je vous propose de faire cet exercice le plus rapidement possible, par exemple, dès le prochain week-end.
Dites-nous à travers les commentaires quelle variante vous préférez. Qu’avez-vous découvert de chouette dans votre vie ?
Livres recommandés sur la gratitude et le bonheur
Si vous souhaitez en savoir plus, voici quelques suggestions pour approfondir votre compréhension :
- « Le pouvoir de la gratitude » de Robert A. Emmons
- « L’art subtil de s’en foutre» de Mark Manson
- « Le bonheur est dans le pré » de Pierre Rabhi
- « Puissance de la gratitude, vers la vraie joie ». Pascal Ide
Sources et references :
- Florence Servan-Schreiber, « 3 kifs par jour«
- https://emmanuel.info/quand-la-gratitude-revient-en-grace/
- Cf. FREDRICKSON, « The role of positive emotions in positive psychology. The broaden-and-built theory of positive emotions », American Psychologist, 56 (2001), p. 218-226
- Pacal Ide, » Puissance de la gratitude, vers la vraie joie »
- Daniel Todd Gilbert, « Et si le bonheur vous tombait dessus”
- Tim Ferriss, “La semaine de 4 heures«
- It’s a wonderful life: Mentally subtracting positive events improves people’s affective states, contrary to their affective forecasts | Journal of Personality and Social Psychology
- Seneque, « Les bienfaits«
- Paul Dolan, « Happiness by Design »
- La psychologie positive et le pouvoir de la gratitude – Entretien avec Rebecca Bègue Shankland
4 réflexions sur “Gratitude : 3 exercices pour éviter les pièges de la pratique au quotidien”
Bonjour Christophe
Merci pour cet article original, je n’avais jamais pensé à varier les questions pour mon journal de gratitude
Stéphanie
Bonjour Stéphanie,
Content que cela t’aide concrètement dans ta pratique, et merci pour ton retour
Christophe
Bonjour Christophe,
Merci pour cet article. j’avais effectivement moi aussi le même genre frustration.
Me voilà maintenant remis sur le bon chemin !
JB
Merci JB pour ton retour!
Content que cet article t’aide dans ta pratique,et du coup, j’en profite pour te souhaiter une pratique toute épanouissante.
Christophe