Avoir peur du noir, peur du monstre caché dans le placard ou sous le lit, peur de passer un examen, peur d’un entretien ou de parler en public, peur du cancer, peur d’un accident de voiture, peur de vieillir, peur de la maladie d’Alzheimer, peur de l’avenir…
Différentes peurs accompagnent notre vie. Nos ancêtres des cavernes avaient besoin de la peur pour survivre. Aujourd’hui, bien que notre survie physique soit moins menacée, nos peurs existent toujours. Elles se sont transformées en anxiété plus complexe et nous empêchent d’agir et de réaliser nos rêves.
Comprendre et apprivoiser nos peurs avec la règle des 3A (Accueillir, Accepter, Agir) est donc incontournable.
Mais, est-ce d’ailleurs vraiment normal d’avoir peur ? Que se passe-t-il dans notre cerveau ? Qu’est-ce que cela provoque en nous ? Comment appliquer efficacement cette règle des 3A pour transformer nos rêves en réalité ?
Comprendre et apprivoiser la peur avec la règle des 3A
Qu’est-ce que la peur ?
Un mécanisme de survie hérité de nos ancêtres des cavernes
Nos ancêtres, les hommes des cavernes, vivaient dans un environnement où la peur jouait un rôle crucial pour leur survie. Confrontés à des dangers immédiats et tangibles, comme la menace d’un mammouth en furie, la peur déclenchait des réactions de lutte ou de fuite essentielles pour leur protection. Ce mécanisme de défense, profondément enraciné dans notre psyché, permettait de mobiliser rapidement l’énergie nécessaire pour échapper aux prédateurs et autres périls de l’époque.
La peur nous alerte d’un danger
La peur leur permettait rapidement de réagir face à un danger, bien réel à cette époque. Un mécanisme de survie, donc et bien plus rapide que la réflexion. La branche du bosquet devant moi bouge ? S’agit-il d’un mouvement initié par le vent, par le déplacement d’une masse d’air provoqué par une différence de pression ? S’agit-il d’un mouvement initié par un être vivant animé ? En fonction de la taille de cet animal, quelles sont les possibilités, les scénarios qui s’offrent à moi ? Réfléchissons un peu… Trop tard ! Vous avez servi de petit déjeuner à papa mammouth qui faisait ses courses alimentaires. (Bien sûr, les mammouths sont carnivores)
Les types de peurs qui dirigent nos vies : réelles ou non ? conscientes ou non ?
Les peurs peuvent être classées en trois catégories
Peurs réelles
Ces peurs sont déclenchées par des dangers tangibles et immédiats, tels que la peur ressentie lorsqu’un animal sauvage s’approche ou lorsqu’on traverse une route à forte circulation. Ancrées dans notre instinct de survie, ces peurs sont essentielles pour nous protéger des menaces physiques. Certaines peurs sont également instinctives et héritées de nos ancêtres (peur des araignées, des serpents).
Peurs irréelles
Contrairement aux peurs réelles, les peurs irréelles sont basées sur des perceptions ou des anticipations de dangers qui ne sont pas présents dans l’environnement immédiat. Souvent liées à des expériences passées ou à des croyances personnelles, ces peurs peuvent persister même en l’absence de toute menace réelle. Ainsi un grand historien de la Gaule, René Goscinny, a démontré que les Gaulais craignaient que le Ciel ne leur tombe sur la tête(1)
Les peurs invisibles : quand l’inconscient prend le contrôle
L’une des plus grandes difficultés dans notre relation a la peur est qu’elle est souvent inconsciente.
En psychologie, il est communément admis que nous sommes conscients d’à peine 10 % de nos émotions et pensées. Ce qui signifie que 90 % de nos peurs demeurent sous la surface de notre conscience.
Ces peurs inconscientes peuvent se manifester sous différentes formes et influencer grandement notre comportement. Comme l’explique Lise Bourbeau (2) nous avons rarement conscience que derrière chaque colère (petite ou grande), il y a toujours des peurs : peur pour soi, peur pour l’autre, peur de l’autre.
À retenir. L’une des plus grandes difficultés avec la peur est qu’elle est souvent très peu consciente.
Etude de cas - L' attaque d'une chauve-souris : mythe ou réalité?
La chauve-souris, faut-il s’en inquiéter ? Notre meilleur expert répond à toutes vos questions…
La diversité des peurs : d’une émotion primaire au blocage dans nos vies
Bien que les mammouths aient disparu depuis des millénaires, la peur n’a pas pour autant quitté notre quotidien. Aujourd’hui, les sources de peur ont évolué, se manifestant en anxiété plus abstraite et complexe telle que la peur du rejet, de l’échec ou de ne pas être à la hauteur.
Ces nouvelles peurs, bien que moins liées à notre survie physique immédiate, continuent d’influencer profondément nos comportements et nos décisions. Elles nécessitent donc des stratégies modernes pour les comprendre et les apprivoiser.
Apprivoiser nos mammouths 2.0 : comprendre et surmonter les peurs modernes
- Elles sont déclenchées par des anticipations ou des souvenirs de situations passées, souvent traumatisantes.
- Elles sont en lien avec la perception de nous-mêmes, des autres et notre interaction avec le monde.
Les principales peurs les plus courantes et bloquantes
Voici le top cinq des peurs les plus fortes.
- La peur du jugement
Peur de ne pas être accepté ou de faire l’objet de critiques peut paralyser les individus et affecter leur confiance en eux-mêmes. - La peur du rejet
Liée à des expériences antérieures d’abandon ou de rejet affectif, cette peur peut fortement influencer les relations personnelles et professionnelles. - La peur d’être dépassé
Cette peur peut paralyser et limiter les actions d’une personne, l’empêchant de prendre des risques ou d’explorer de nouvelles opportunités. Ainsi, un artisan peut procrastiner dans son projet de création de site vitrine, par peur de ne pas savoir que faire en cas de piratage. - La peur de l’échec
Cette peur crée un cercle vicieux où la personne évite les défis, ce qui limite son potentiel de croissance et d’apprentissage.
À paraitre :
La peur de l’échec mène à la procrastination : comment la surmonter efficacement ?
Les autres peurs modernes
Citons notamment :
- La peur du succès (il faudrait quand même savoir ce qu’on veut…)
Paradoxale, mais assez fréquente, cette peur est liée à la crainte de l’inconnu, de la responsabilité accrue ou de la pression pour maintenir un certain niveau de performance, la peur de « se perdre ». La personne mettra en place des stratégies de sabotage dès que « le danger » (autrement dit son objectif conscient) se fera sentir de plus en plus proche.Ainsi, une personne qui suit un régime, se mettra subitement à faire des écarts. Les kilos en trop seront de cette façon une forme de protection, une armure, car la personne ne se considère pas comme une personne « suffisamment désirable ».
- La peur de ne pas être à la hauteur (le syndrome de l’imposteur)
Cette peur est beaucoup plus courante qu’on ne pense. Dans le milieu professionnel, elle touche toutes les personnes, quelle que soit leur activité. Derrière cette peur, se cache un manque de confiance en soi, renforcée par des comparaisons constantes avec les autres, ou avec un soi hypothétique idéal. La peur de faire le mauvais choix (l’arnaque du siècle !)
Le mythe du bon choix est un mythe tenace. La peur de se tromper se retrouve aussi bien dans nos actes quotidiens que dans les grandes décisions de la vie.
Et, comme disait Desproges : « Fromage ou dessert ? Mitterrand ou la gauche ? » Bref, que choisir ?
À paraitre :
La peur de faire des mauvais choix de carrière ou de vie. Prendre des décisions éclairées et planifier une vie équilibrée et épanouissante
Comment la peur influence nos comportements et nos décisions.
Au-delà de la survie immédiate, la peur influence profondément notre comportement et nos décisions au quotidien :
- Elle peut d’un côté nous motiver à éviter des situations risquées ou dangereuses, ce qui peut être bénéfique pour éviter des blessures ou des pertes.
- Cependant, la peur peut aussi limiter nos actions et nos opportunités. Elle nous empêche alors de prendre des risques qui pourraient être bénéfiques.
Par exemple,
- la peur de l’échec peut dissuader une personne de postuler pour un emploi de rêve ou de créer une nouvelle entreprise.
- la peur du jugement peut empêcher une personne de s’exprimer ouvertement ou de défendre ses idées.
Ces peurs, bien qu’irréelles, ont des conséquences tangibles sur notre comportement et peuvent nous empêcher de réaliser notre plein potentiel.
Apprendre à reconnaître et à apprivoiser nos peurs est donc fondamental.
À retenir. La peur, sous ses multiples formes, est donc une compagne constante de notre existence. Cette omniprésence de la peur ne peut donc qu’influencer profondément nos comportements et nos décisions
Comprendre la peur : les mécanismes neurobiologiques
La peur est une émotion fondamentale et universelle, essentielle à notre survie. Lorsqu’une situation menaçante se présente, notre cerveau et notre corps réagissent rapidement pour nous protéger. Mais, quels sont les mécanismes sous-jacents à ces réactions ?
Le rôle du système nerveux autonome
Lorsqu’une personne ressent la peur, des réactions physiologiques se produisent : le cœur s’accélère, les muscles se tendent, et la respiration devient rapide. Ces réactions sont orchestrées par le système nerveux autonome, en particulier par l’amygdale, une petite structure en forme d’amande située dans le cerveau.
Notre chien de garde : l'amygdale
L’amygdale agit comme un chien de garde, toujours vigilant et alerte face aux menaces potentielles.
Comme un chien de garde qui réagit rapidement pour protéger son territoire, l’amygdale est responsable du traitement des émotions, en particulier de la peur et des émotions fortes.
Cette voie rapide permet une réaction instantanée avant même que nous prenions conscience du danger. Par exemple, un bruit soudain peut nous faire sursauter avant même que nous réalisions ce que c’est.
Notre mémoire émotionnelle : l'hippocampe
L’hippocampe est l’éléphant avec sa grande mémoire utile pour l’apprentissage.
Il nous aide à nous repérer dans l’espace tout comme les éléphants se souviennent de vastes territoires et se déplacent sans jamais se perdre.
La mémoire émotionnelle : l’amygdale et l’hippocampe
L’amygdale est étroitement liée à l’hippocampe, une structure clé dans la formation et la consolidation des souvenirs. L’hippocampe nous aide à former et à consolider les souvenirs à long terme. C’est le centre de la mémoire et convertit les souvenirs à court terme en souvenirs à long terme.
Les expériences de peur sont ainsi gravées dans notre mémoire, renforcées par les émotions intenses associées à ces événements. Cela nous aide à éviter des situations similaires, à l’avenir, mais peut aussi conduire à des croyances limitantes si ces souvenirs sont négatifs.
Le cortex préfontal : le sage
Tout comme la chouette sage, le cortex préfrontal est le décideur intelligent de notre cerveau. Il nous aide à réfléchir, planifier et prendre des décisions avisées. Il est responsable des fonctions cognitives supérieures, comme l’intellect aiguisé d’une chouette.
Le cortex frontal : maîtriser nos réactions
Le cortex préfrontal, situé à l’avant du cerveau, est crucial pour réguler la peur et de l’anxiété. Il aide à évaluer les situations, prendre des décisions et exercer un contrôle sur nos comportements. Chez les personnes souffrant de trouble anxieux, cette région peut être hyperactive, rendant difficile la gestion de la peur.
Interaction avec le cortex préfrontal
Le cortex préfrontal reçoit des informations de l’amygdale et participe à l’extinction de la peur conditionnée. Cela signifie qu’il nous aide à apprendre à ne plus réagir de manière excessive à des stimuli qui ne sont plus menaçants. En exerçant un contrôle cognitif sur nos réactions émotionnelles, le cortex préfrontal nous permet de rester calmes et rationnels face à des situations potentiellement stressantes.
À retenir. La peur, qu’elle soit réelle (face à un danger avéré) ou irréelle (une chauve-souris vous menace avec une Kalachnikov), a les mêmes effets sur notre corps, sur notre comportement et sur nos décisions.
Le mantra de la chauve-souris
« On obtient beaucoup plus de choses avec un sourire et une Kalachnikov, qu’avec un simple sourire”
Comprendre la peur : son rôle psychologique
La peur n’est pas qu’une simple réponse biologique à un danger perçu ; elle joue également un rôle profond dans la formation de nos croyances et, par extension, de notre ego. Comprendre ce processus peut nous aider à naviguer nos craintes et à en faire un outil de croissance personnelle.
Nous avons vu que la peur est un mécanisme de survie. Sans la peur, l’humanité n’aurait jamais survécu à un environnement hostile et à des animaux bien plus forts et plus rapides que nous.
La peur est donc cette émotion qui nous a permis d’apprendre. Apprendre pour nous adapter et survivre. Regardons maintenant tout cela que cela implique maintenant pour nous, être humain du 21ᵉ siècle.
La peur est une expérience pour apprendre et ainsi, s’adapter et survivre
La peur joue un rôle crucial dans notre développement et notre survie. Elle nous alerte des dangers, car elle nous incite à adopter des comportements pour les éviter. Par exemple, la peur des voitures nous incite à être vigilants en traversant la rue, un apprentissage vital pour notre sécurité. Mais au-delà de cette fonction de protection, la peur participe également à la formation de nos croyances et de notre ego.
Lorsque nous vivons une expérience traumatisante, notre cerveau enregistre à la fois l’événement et les émotions associées. L’amygdale, une petite structure en forme d’amande située dans le cerveau, joue un rôle clé dans ce processus en connectant les stimuli sensoriels aux réponses émotionnelles. Cette mémorisation émotionnelle influence notre comportement futur, nous aidant à éviter des situations similaires. Ce mécanisme est essentiel à notre survie, mais il peut aussi conduire à la formation de croyances sur nous-mêmes et sur le monde.
La formation de nos croyances à travers la peur
Chaque expérience de peur laisse une empreinte durable dans notre mémoire, influençant nos croyances et nos comportements futurs. Lorsque nous rencontrons une situation dangereuse ou stressante, notre cerveau mémorise cette expérience en détail, renforçant ainsi l’association entre le stimulus et la réaction émotionnelle. Par exemple, un enfant qui se brûle en touchant une plaque chaude apprend rapidement à éviter ce comportement. Cette leçon ne se limite pas à la peur immédiate de se brûler ; elle forme une croyance plus large sur les dangers de la chaleur et l’importance de la prudence.
Ces expériences de peur répétées construisent nos croyances fondamentales. Si un enfant reçoit des louanges et des récompenses lorsqu’il se comporte bien, il peut développer la croyance que l’amour et l’acceptation dépendent de son comportement exemplaire. Il peut en conclure, de façon inconsciente, que pour être aimé, il doit toujours être sage. De même, si une personne réussit après de nombreux efforts, elle va croire que l’effort et la persévérance sont les clés du succès. Ces croyances façonnent notre perception du monde et influencent nos actions, nos décisions et notre manière de réagir aux nouvelles situations.
Cette formation de croyances est inconsciente. Nous ne réalisons pas toujours que nos peurs sont le résultat de croyances que nous avons adoptées pour nous protéger. Par exemple, la peur de parler en public peut cacher une croyance profonde selon laquelle nous ne sommes pas suffisamment compétents ou dignes d’être écoutés (« je n’ai rien de pertinent à dire ») En reconnaissant ces croyances et en comprenant leur origine, nous pouvons commencer à les déconstruire et à les remplacer par des croyances plus utiles et constructives.
À retenir. Nos peur de demain, sont nos peur d’hier non résolues.
La peur est inhérente à la création de notre ego
L’ensemble des croyances formées par nos expériences de peur et d’apprentissage constitue ce que nous appelons l’ego. L’ego, en psychologie, représente notre conscience de nous-mêmes et fait partie de notre identité. Il est construit à partir de nos expériences passées, de nos souvenirs, et des conclusions que nous en avons tirées.
Si une personne a appris à associer le fait d’être fort ou performant avec des récompenses et de la reconnaissance, elle valorisera la force et la performance. Ces croyances, renforcées par les émotions de peur ou de succès, forment le noyau de notre identité. Elles influencent donc notre comportement tout au long de la vie.
L’ego, alimenté par nos croyances, peut être à la fois un moteur et un frein. Il nous pousse à éviter les situations perçues comme dangereuses ou à rechercher celles qui confirment nos croyances positives. Par exemple, une personne qui croit fermement en l’importance de la persévérance sera plus résiliente face aux échecs. Une autre personne, dont l’ego est construit sur la peur de l’échec, pourra éviter les défis par crainte de ne pas être à la hauteur.
À retenir. La peur, bien qu’initialement conçue pour nous protéger, devient un obstacle si elle n’est pas apprivoisée correctement.
La règle des 3A pour apprivoiser nos peurs
La règle des 3A repose sur le tryptique : accueillir, accepter et agir
Étape n° 1 – Accueillir
Le premier pas pour apprivoiser ses peurs est les accueillir et les identifier
Prendre conscience de ses peurs
La première étape pour accepter ses peurs est de les identifier clairement en les nommant. Cela implique une prise de conscience de ses pensées et émotions quotidiennes. Noter les situations qui déclenchent la peur et les réactions physiques et émotionnelles associées est un bon point de départ.
Reconnaître l’utilité des peurs
Comprendre que les peurs ont initialement un rôle protecteur aide à les accepter. Elles sont une réponse naturelle à des menaces perçues et nous ont probablement aidés à éviter des dangers dans le passé. Reconnaître cette fonction peut nous aider à voir nos peurs sous un jour plus bienveillant.
Une question importante est de se demander de quoi ai-je peur ? Décrire le plus précisément de quoi nous avons peur, va paradoxalement nous permettre de reprendre la main.
Se donner le courage de ressentir physiquement dans notre corps, là où se manifeste la peur, est un pas vers la reconnaissance de cette peur.
Étape n° 2 – Accepter la peur (mais vraiment)
Au lieu de nier ou de combattre la peur, l’accepter comme une partie de soi est crucial. Cela ne signifie pas se résigner à vivre avec, mais plutôt reconnaître sa présence sans jugement. Accepter ses peurs réduit leur pouvoir et ouvre la voie à un travail plus profond pour les surmonter.
Accepter la peur comme une part de soi n’est cependant pas si évident
Trop souvent, nous avons tendance à ignorer ou à minimiser nos peurs, ce qui ne fait qu’amplifier leur impact sur notre vie. Prenez un moment pour identifier ce qui vous fait peur et acceptez que ces émotions font partie de votre expérience humaine.
De ma propre expérience, cette étape est de très loin la plus difficile :
- soit nous la refoulons, ne voulons pas la voir,
- soit nous en sommes conscience et nous ne l’acceptons pas.
Bien souvent, notre égo va nous convaincre du contraire via deux stratégies
Première stratégie : le déni
Moi, peur ? Absolument pas ! Et, de faire appel à la raison pour justifier notre comportement. « Je n’ai pas le temps. À quoi bon ? C’est trop tôt ou c’est trop tard. Je ne suis pas prêt.» J’ai le souvenir d’une personne qui en voulait à sa mère sur un incident du passé. À la question de savoir si elle avait partagé avec sa mère son ressentiment, sa réponse — toute logique — a été de dire que cela ne servait à rien. CQFD ! Ainsi, elle n’avait pas à faire face à ses peurs : peur de paraître ingrate, peur de la réaction de sa mère, qu’elle coupe les ponts, peur de se sentir coupable.
Avoir peur, ce serait également être lâche, se dégonfler, manquer de courage… Par conséquent, hors de question d’être une personne lâche. Cela donne des tensions très fortes intérieurement, avec une mauvaise image de soi à la clé. Ainsi, qui n’a pas eu un conflit avec une personne, et se sentir coincé entre deux attitudes : soumission ou rébellion ? Il ne faudrait surtout pas que l’autre pense que j’ai peur de lui. En vérité, par un effet miroir, nous disons simplement de nous que nous avons peur de lui, mais hors de question de l’admettre.
Deuxième stratégie : la ruse
L’autre stratégie, beaucoup plus subtile, est de se laisser croire par notre ego que nous acceptons la peur.
Après, tout avec tout le « développement personnel » que je fais, que j’ai fait, maintenant, je dois savoir « gérer mes émotions ». (À propos, vous pouvez remplacer « développement personnel », par yoga, méditations, suivi coaching ou séance chez le psy, ça marche aussi !)
Ainsi, on suit méthodiquement le kit de survie pour « gérer » sa peur : on lui parle, on l’écoute… Et !? Comment ça !? J’ai encore peur !? Comment ça, j’ai encore des blocages ? Comment ça, ma peur, tu es encore là, mais tu vas partir, non d’une pipe. Tu me pourris la vie, là.
Je peux dire d’une façon simple et affectueuse que je me suis reconnu dans les deux cas de figure. Même avec quelques kilomètres de tours de piste de pratique. Cependant, progressivement, et grâce au travail avec ma consultante, j’ai eu un jour un déclic. La lumière s’est allumée dans le placard, pour simplement accepter sans jugement le fait d’avoir peur.
Est-ce pour autant que je ne tomberai plus dans ce piège ? Non, cela arrivera encore. La différence est que j’en ai conscience.
Tant que cette étape d’acceptation n’est pas faite avec le cœur, mais avec la tête, la peur n’est pas acceptée.
À retenir. Au lieu de combattre la peur, acceptez-la comme une partie naturelle de votre expérience humaine. Cela va vous aider à réduire son emprise sur vous.
Étape 3 – Agir malgré la peur et y aller par petits pas
Tout en acceptant que la peur est présente, l’idée est d’y aller progressivement. Pour surmonter ses peurs, poser des actions concrètes est crucial.
Il peut cependant être très difficile, intimidant de poser des actions, quand nous avons peur. Or, c’est justement là que nous devons agir. Les chaînes de la peur pèsent le plus, quand nous ne faisons rien. Commencez par de petites actions qui vous confrontent à vos peurs de manière progressive. Par exemple, si vous craignez de parler en public, commencez par parler devant un miroir avant de vous adresser à un public plus large.
La respiration consciente
Utilisez des techniques de respiration pour calmer votre système nerveux lorsque la peur surgit (respiration diaphragmatique, cohérence cardiaque).
La visualisation positive
Visualisez-vous dans un film et concentrez-vous sur vos objectifs :
- vous vous voyez en train de surmonter les obstacles
- vous vous voyez en train d’atteindre votre but.
Un conseil important :
- commencez d’abord à en être le réalisateur : vous vous voyez réussir à travers une caméra
- puis refaites le film en tant qu’acteur (vous jouez la séance)
Les deux questions puissantes à se poser pour agir
De la qualité de nos questions, va dépendre de la qualité de nos actions.
- Comment vais-je réussir (et non pas vais-je réussir) ? Nous mettons notre énergie à trouver des solutions.
- Quel est le pire scénario qui puisse arriver dans cette situation ? Si ce scénario cela devait arriver, comment j’y ferais face ?
Célébrer les victoires
Chaque petit pas vers la conquête de vos peurs est une victoire. Prenez le temps de célébrer ces réussites, aussi petites soient-elles. Cette reconnaissance renforce votre confiance en vous et vous motive à avancer.
À retenir. Comprenez que tout le monde a peur, même ceux qui accomplissent de grandes choses. La clé est d’agir malgré la peur.
FAQ : Apprivoiser ses peurs avec la règle des 3A
La première chose est encore une fois d’accepter la peur, d’accepter qu’elle est notamment trop forte pour passer à l’action.
Cependant il existe des signes où ill peut être utile de consulter un professionnel, comme un thérapeute ou un coach, qui peut vous aider à explorer plus profondément les causes de votre peur et à développer des stratégies supplémentaires pour la surmonter. La thérapie cognitive et comportementale (TCC) est particulièrement efficace pour traiter les peurs et les anxiétés.
Si votre peur interfère significativement avec votre vie quotidienne, provoque une détresse importante, ou dure depuis plus de six mois, il peut être utile de consulter un professionnel.
Des symptômes physiques intenses, comme des crises de panique, sont également un signe que vous pourriez bénéficier d’un soutien spécialisé.
Continuez à utiliser la règle des 3A dans d’autres aspects de votre vie et célébrez vos succès pour renforcer votre confiance. Pratiquez régulièrement des techniques de gestion du stress et maintenez une routine qui inclut des activités qui vous apportent du bien-être.
Bien que la règle des 3A soit efficace pour de nombreuses peurs, certaines peuvent nécessiter des approches supplémentaires ou différentes. Il est important de rester flexible et de rechercher des solutions complémentaires lorsque nécessaire.
Absolument. Vous pouvez aider vos enfants à accepter leurs peurs en les écoutant et en validant leurs sentiments. Analysez avec eux les causes de leurs peurs et encouragez-les à prendre de petites actions pour les surmonter, en leur offrant soutien et encouragement tout au long du processus.
Oui, la peur peut agir comme un guide en nous indiquant des zones de notre vie où nous devons faire attention ou apporter des changements.
Par exemple, la peur peut signaler un besoin de préparation supplémentaire, de développement de compétences, ou d’auto-réflexion. Utilisée de manière constructive, la peur peut nous pousser à sortir de notre zone de confort, à grandir et à évoluer. Ce point fera l’objet d’un article dédié
Conclusion
La peur, en tant qu’émotion fondamentale, joue un rôle central dans notre apprentissage et la formation de nos croyances. Elle façonne notre ego et influence notre comportement quotidien.
En somme, la peur, bien qu’essentielle pour notre survie, doit être comprise et gérée pour ne pas devenir un obstacle à notre épanouissement personnel. Reconnaître la nature de notre peur et adapter des stratégies pour les surmonter, transforme cette émotion puissante en un allié qui nous protège tout en nous permettant de grandir et d’évoluer.
Ainsi, accepter nos peurs, nous rend plus résilients et alignés sur nos véritables désirs et aspirations
À retenir. Apprivoiser ses peurs est un processus graduel qui demande du temps, de la patience et de la persévérance. Travailler une peur l’une après l’autre.
Un dernier mot : générosité versus peur
Seth Godin est surtout connu pour son travail en tant qu’auteur, conférencier et blogueur influent, partageant ses idées et ses perspectives sur le marketing et les affaires. Ses contributions ont eu un impact significatif sur de nombreuses entreprises et professionnels du marketing à travers le monde.
Voici ce qu’il déclarait récemment sur son blog(3).
La peur est centrée sur soi. Au jour le jour, notre peur concerne nous-mêmes. Que se passera-t-il si nous faisons ce discours, lançons ce projet, sommes coincés dans les embouteillages, sommes mangés par un alligator…
Et, la générosité concerne les autres. « Comment puis-je aider ?”
Sauter dans l’eau pour sauver un nageur en difficulté nous empêche de nous soucier de notre apparence en maillot de bain ou de savoir si l’eau est froide.(…)
La scène clé au climax du Magicien d’Oz se produit lorsque Dorothy intervient en faveur de l’épouvantail. Une fois de plus, elle trouve le courage de surmonter sa peur lorsqu’elle soutient généreusement un ami.
C’est plus qu’un changement de narration. C’est un changement d’intention.
Seth Godin
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4 réflexions sur “Apprivoiser ses peurs avec la règle des 3A : le guide pratique”
wow un super article. J’ai donc vraiment apprecié les illustrations, les espaces, les points à retenir. Merci de ce super article qui couvre tellement de choses compliquées.
Juste un commentaire : partager la peur pour soi avec l’autre (être vulnérable!!!) est un grand pas pour réduire la puissance de la peur dans notre vie. Exemple : j’appelle mon frère et je lui dit que je suis contente de ce RDV téléphonique parce que j’avais peur qu’il ne veuille pas me parler. Instantanement, la magie se passe… Il s’ouvre aussi sur ce qui se passe pour lui.
bonjour Régine!
Je te remercie chaleureusement pour tes retours et réflexions.Cela m’encourage à écrire sur ce chemin.
Effectivement, ta remarque est très éclairante, et je n’avais pas aborder ce point: s’ouvrir à l’autre dans sa vulnérabilité.
Je garde cela en tête pour un prochain article
Prends bien soin de toi, Régine.
Christophe
Merci Christophe pour cet article très clair et qui me pousse à comprendre les stratégies d’évitement que nous connaissons tous et à les gérer.
Je vais reprendre tout cela car j’ai bien usé du (comment avec tout le développement personnel que j’ai fait ? etc.) dans le paragraphe consacré à la ruse !
Bonjour Joelle,
Merci d’avoir pris le temps de laisser un commentaire.
Et, oui nous passons tous par ces étapes, l’important est d’en prendre conscience et surtout de l’accepter.
Pas de pression, donc !
Au plaisir de te lire, Joelle.
Christophe